Lorsque mes clients vivent un choc ou une difficulté dans leur vie personnelle, familiale ou professionnelle, il est courant que la situation dure pendant plusieurs semaines, mois ou même années. Cela peut drainer les ressources physiques et psychologiques au point de demander un arrêt de travail. Plusieurs de ces clients rapportent des difficultés à se concentrer, des trous de mémoire, un ralentissement dans la pensée, une difficulté à trouver les mots, à se souvenir de ce qu’ils lisent, à suivre des conversations, etc. Et lorsque ces difficultés perdurent même après la prise de médication ou de repos, ces personnes s’inquiètent. « Suis-je en train de devenir Alzheimer? » « Ai-je un problème plus grave? » « Vais-je arriver à retourner au travail? »
Ces questions sont normales et il peut effectivement être frustrant ou effrayant de constater que votre esprit ne fonctionne pas comme d’habitude. L’une des première chose à considérer, c’est l’effet du stress prolongé sur vos fonctions cognitives. Encore une fois, nous sommes ramenés au fait que le cerveau est d’abord et avant tout un détecteur de menace (voir le site web de Dre Sonia Lupien sur cette question). Cela veut dire que sa priorité, pendant que vous vivez vos difficultés, sera toujours ce qu’il perçoit comme étant menaçant (et non l’article de journal que vous souhaitez lire, encore moins votre liste de courses!).
« Mais… tout ça m’est arrivé il y a 2 mois ! Mon esprit devrait fonctionner normalement maintenant ! » Me direz-vous. Ce n’est pas si simple !
Le sommeil
En effet, la plupart des gens qui rapportent des difficultés de concentration et de mémoire qui durent dans le temps, rapportent aussi des difficultés de sommeil. Voilà un autre élément à ne pas sous-estimer ! Pendant la nuit, quand il peut vivre des cycles de sommeil complets et non-interrompus, votre cerveau « digère » les choses qu’il a vécues en les restructurant et en les classant dans la mémoire. De plus, votre cerveau a besoin d’environ 5 heures de sommeil de bonne qualité pour faire tout son travail de maintenance. Et il a besoin d’environ 2 heures supplémentaires pour évacuer les toxines produites naturellement par son fonctionnement quotidien (source: Dr Dan Siegel).
Alors, dormez-vous 7 heures de bon sommeil par nuit?
Si la réponse est non, il faudrait d’emblée appliquer les stratégies d’hygiène du sommeil. Vous pouvez aussi consulter un médecin à ce sujet. Une fois que vous aurez stabilisé votre sommeil, il est probable que votre concentration et votre mémoire s’amélioreront aussi dans les semaines suivantes.
Cela à condition que vous ne dormiez pas trop ! En effet, trop de sommeil peut également perturber l’équilibre de votre cerveau, qui n’arrivera toujours pas à vous donner le meilleur de lui-même. Votre cerveau a besoin de stimulation pour fonctionner à son meilleur.
La stimulation positive
Il est important de planifier, tous les jours, des activités intéressantes dans lesquelles vous faites travailler votre concentration et votre mémoire : lecture, jeux de mémoire, sudoku, Scrabble, etc. Sortir de la maison chaque jour et avoir des contacts sociaux est aussi crucial pour votre santé cognitive. D’ailleurs, la recherche suggère que ce sont les contacts sociaux, bien plus que les jeux cognitifs, qui préservent les fonctions cognitives chez les aînés. Et après tout, lorsque vous travaillez, vous utilisez aussi ces fonctions cognitives. Quelle belle manière de vous préparer pour le retour au travail!
En conclusion, avant de vous alarmer devant vos capacités cognitives diminuées par votre situation actuelle, commencez par appliquer les stratégies d’hygiène psychologique et de sommeil. Si ces difficultés persistent, il se pourrait que l’intensité de vos symptômes demande une intervention en psychothérapie et/ou en neurofeedback.